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Accord commercial USA-UK : Quelles implications pour l'agriculture?

Dernière mise à jour : 14 mai


Un premier accord dans la nouvelle ère commerciale de Trump



C'est officiel ! Les États-Unis et le Royaume-Uni ont signé

hier, 8 mai 2025, un accord commercial historique, le premier depuis que Donald Trump a lancé sa politique de "Jour de la Libération" avec l'imposition de droits de douane massifs début avril. Bien que qualifié de "complet et global" par le président américain, cet accord a une portée relativement limitée mais présente des implications significatives pour le secteur agricole des deux pays.


A] L'agriculture au cœur des négociations

Les concessions agricoles constituent l'un des piliers centraux de cet accord. Le Royaume-Uni a accepté d'ouvrir davantage son marché aux produits agricoles américains, un point qui était depuis longtemps une priorité pour Washington dans ses relations commerciales post-Brexit avec Londres.


1) Ce que gagne l'agriculture américaine

Donald Trump s'est félicité que le Royaume-Uni s'ouvre désormais "en particulier pour le bœuf américain, l'éthanol et quasiment tous les produits que produisent les agriculteurs américains." Cette ouverture représenterait plusieurs milliards de dollars d'opportunités pour les exportateurs américains.


Le bœuf américain

Contrairement à l'UE qui limitait strictement les importations de bœuf américain par des quotas, le Royaume-Uni semble prêt à augmenter significativement ses importations. En 2024, les États-Unis ont exporté 1,29 million de tonnes de viande bovine dans le monde, générant 10,45 milliards de dollars. L'accord devrait faciliter l'accès du bœuf américain sans hormones au marché britannique, où l'Irlande est actuellement le principal fournisseur de viande bovine (77% des importations britanniques).


L'éthanol

L'une des concessions les plus significatives concerne l'éthanol : les droits britanniques sur l'éthanol américain seront réduits à zéro, avec un généreux quota de 1,4 milliard de litres. Ce volume dépasse largement les exportations actuelles des États-Unis vers le Royaume-Uni, laissant une marge de croissance substantielle pour les producteurs américains de biocarburants, qui sont en pleine expansion. C'est particulièrement important à l'heure où les importations d'éthanol ont atteint un niveau record en Europe en 2022-2023.


2)Les inquiétudes britanniques et les normes sanitaires

Ce que l'accord ne mentionne pas explicitement, c'est la question des normes sanitaires et phytosanitaires qui a longtemps été un point de friction dans les négociations commerciales entre les États-Unis et l'Europe, y compris le Royaume-Uni.



Les normes britanniques, héritées de l'Union européenne, interdisent actuellement:

  • Le poulet lavé au chlore (ou plus précisément traité au dioxyde de chlore)

  • Le bœuf aux hormones de croissance

L'interdiction du bœuf aux hormones a été mise en place dès 1989 par la Communauté économique européenne pour des raisons de santé publique. Cette interdiction a été formalisée et renforcée par une série de textes réglementaires, notamment:

  • La Directive 88/146/CEE qui interdisait l'utilisation de six hormones de croissance dans les élevages européens avant son abrogation

  • La Directive 96/22/CE du 29 avril 1996 qui a remplacé la directive précédente et consolidé ces interdictions

  • La Directive 2003/74/CE qui a confirmé l'interdiction des hormones de croissance tout en renforçant les restrictions

  • La Directive 2008/97/CE du 19 novembre 2008 qui a précisé le champ d'application et étendu les interdictions à de nouvelles hormones de croissance pour les animaux destinés à la consommation.


L'interdiction du poulet au chlore date quant à elle de 1997. Cette mesure s'inscrit dans l'approche européenne qui privilégie un contrôle strict de l'hygiène tout au long de la chaîne de production, plutôt qu'une désinfection chimique du poulet en fin de chaîne. En 2008, une tentative de la Commission européenne pour lever cette interdiction a été massivement rejetée par 26 États membres sur 27, confirmant l'attachement de l'Europe à cette norme sanitaire.

Le Royaume-Uni, après le Brexit, a maintenu ces interdictions dans sa législation nationale. L'UE comme le Royaume-Uni autorisent seulement un quota spécifique de "bœuf de haute qualité" (HQB) sans hormones en provenance des États-Unis. En 2022, ce quota n'était rempli qu'à 53%, avec environ 13 000 tonnes importées sur le marché européen.


L'accord semble préserver ces normes sanitaires, permettant uniquement l'importation de bœuf américain produit sans hormones, mais avec un accès au marché britannique facilité et des volumes potentiellement plus importants qu'auparavant.


B] Un accord symbolique mais limité

Si cet accord constitue une avancée diplomatique, il convient de rappeler que sa portée reste limitée. La taxe plancher de 10% sur les importations, mise en place par Trump le 2 avril dernier, reste en vigueur pour la plupart des produits.


Les autres produits agricoles concernés

Au-delà du bœuf et de l'éthanol, l'accord touche d'autres secteurs agricoles:

  1. Produits agricoles américains qui auront un accès facilité au marché britannique (avec des réductions tarifaires), notamment:

    • Produits laitiers

    • Céréales

    • Fruits et légumes

    • Volailles (dans le respect des normes sanitaires britanniques)

  2. Produits britanniques qui bénéficieront d'un meilleur accès au marché américain:

    • Produits laitiers et fromages

    • Boissons alcoolisées (whisky, gin)

    • Biscuits et confiseries


Ces concessions réciproques restent toutefois modérées car le Royaume-Uni maintient ses normes sanitaires strictes, et les États-Unis conservent une taxe plancher de 10% sur la plupart des produits importés.


Quelles perspectives pour l'avenir?

Cet accord ouvre la voie à des négociations plus approfondies entre les deux pays. Donald Trump a d'ailleurs évoqué que "de nombreux autres accords, qui en sont à des stades de négociations, suivront!"

Pour le secteur agricole britannique, cet accord soulève plusieurs questions:

  • Comment les agriculteurs britanniques pourront-ils rester compétitifs face à l'afflux de produits agricoles américains moins chers?

  • Les normes de production alimentaire britanniques seront-elles maintenues ou progressivement harmonisées avec celles des États-Unis?

  • Quelles opportunités s'ouvriront pour les exportateurs agricoles britanniques sur le marché américain?


Conclusion

L'accord USA-UK marque le début d'une nouvelle ère commerciale sous l'administration Trump. Pour le secteur agricole, il représente des défis. Les agriculteurs américains célèbrent un meilleur accès au marché britannique, tandis que leurs homologues britanniques restent vigilants quant aux implications à long terme.

Dans les semaines à venir, nous devrions obtenir plus de détails sur les modalités précises de cet accord, notamment en ce qui concerne les quotas d'importation, les tarifs douaniers spécifiques et les normes sanitaires et phytosanitaires. Une chose est sûre : le paysage commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni est en pleine transformation.


Cet article est basé sur les informations disponibles au 9 mai 2025. Les détails de l'accord peuvent évoluer à mesure que les deux gouvernements finaliseront les termes spécifiques.

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